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Joséphine Kaeppelin fait du dessin comme vous n’en avez jamais vu, utilise l’ordinateur comme nous n’en aurions jamais eu l’idée, approche les univers prédéterminés de l’informatique de façon à dérouter à travers le résultat. Issue du domaine tactile du textile, elle troque ici son goût du toucher contre le tutoiement subjectif de la technique. En prenant comme outil de dessin son clavier, sa souris, son ordinateur et son imprimante de bureau, la jeune artiste d’origine lyonnaise propose un geste artistique «anti-classique». La machine, tant contrainte par l’homme que contraignante pour son utilisateur est alors utilisée pour découvrir tous les possibles de ses potentialités créatrices. En détournant les fonctions de l’outil informatique, en se jouant de logiciels de bureautique, en conférant à l’imprimante ou à la photocopieuse le rôle du dernier maillon de la chaîne de création, l’artiste renverse un monde de significations. Partant de supports numériques traditionnels empreints de leur banalité d’usage, aujourd’hui omniprésents dans notre culture post- industrielle, l’artiste propose d’utiliser l’ordinateur, ce «faux-ami» du quotidien et ses corollaires, comme complices pour créer des errances plus que des fonctionnalités. Joséphine Kaeppelin «fait avec», manipule, associe, formule, établi un nouveau langage visuel et ce faisant invente à sa façon une romance numérique : «Puisque vous êtes là, je vais trouver une façon de vous aimer » semble-t-elle chuchoter à ses machines.

Mickaël Roy
Printemps 2011 / texte écrit pour le journal de l'exposition Une exposition en 4 actes, 2011, Espace Apollonia, Strasbourg